Souvent assimilé comme mauvais (un ennemi) pour l’organisme, beaucoup de personnes pensent qu’ils seraient la résultante des efforts réalisés en condition anaérobie (sans présence d’oxygène, efforts très intense).
Le lactate est au contraire une source de carburant « supplémentaire » pour le corps humain.
Ce ne sont pas eux (les lactates) qui sont sont responsables des douleurs musculaires à l’effort, ces sensations sont plutôt liées à un excès d’ions hydrogène qui provoquent une acidité musculaire.
D’où provient le lactate ?
Le lactate est issu de l’oxydation des glucide. En effet, lorsque le sportif produit un effort, le corps a besoin d’energie. Pour ce faire différentes réactions ont lieues, et parmi elles : l’oxydation des glucides. Le corps humain va donc transformer les glucides et glucoses en énergie en transformant les substrats en pyruvate pour être ensuite transformer en ATP dans les mitochondries. Or, lors d’un effort intense, le pyruvate produit va être présent en trop grande quantité pour les capacités oxydatives des mitochondries, et donc (le corps humain est très bien fait) le pyruvate va être transformé en lactate via l’enzyme Lactate Deshydrogenase (LDH) pour être ensuite transporté dans d’autres parties du corps humain afin d’être utilisé comme substrat énergétique !
À savoir que les fibres rapides produisent beaucoup de lactates, et que les fibres lentes oxydent la grosse quantité de lactate grâce aux nombreuses mitochondries. Il existe deux transporteurs du lactate :
MCT4 a pour objectif de sortir le lactate des fibres rapides
MCT1 transporte le lactate jusqu’au fibres lentes
Le corps humain produit du lactate dans toutes les conditions: que ce soit aérobie ou anérobie et il est présent dans quasi toutes les partie du corps humain. Contrairement à sa réputation, il n’est pas si mauvais !
À quoi sert le lactate ?
Le lactate est donc produit par l’organisme et va être utilisé par celui-ci. On lui attache différentes fonctions :
– il a un rôle de carburant pour plusieurs organes : fibres lentes, reins, coeur, cerveau, poumons
– il est précurseur de la néoglugogènese : synthèse de glucose à partir de substrats non glucidiques (lactate, glycerol et acides aminés)
– il est une molécule de signalisation pour de nombreux processus physiologique / biochimique .
Le lactate, un carburant ?
Comme expliqué précédemment, le lactate est lui aussi un carburant comme le glucose et les lipides. Il est même le carburant préféré pour certains organes.
Les athlètes de haut-niveau ont des capacités de clairance du lactate (capacité d’oxydation de ce dernier) et donc plus l’intensité est élevée, plus ils produisent du lactate et plus ils ont la capacité d’utiliser ces derniers comme sources d’énergies. Différents chercheurs (Inigo San Milan & George Brooks) ont montré que les capacités oxydatives de personnes sédentaires ou atteintes de maladies comme des cancers sont beaucoup plus faibles comparées aux sportifs.
Tadej Pogacar et son entraîneur Inigo San Milan (doctorinigo) en pleine mesure de lactates
https://news.cuanschutz.edu/news-stories/metabolomics-the-science-behind-a-tour-de-france-winner
Ainsi les cyclistes professionnels auraient une très grande flexibilité métabolique. Il faut comprendre ici que ces sportifs ont un organisme entrainé, avec des cellules en pleine forme, et donc l’organisme adapterait la gestion des substrats énergétiques en fonction de l’intensité :
– basse intensité → lipides en priorité
– intensité moyenne → un peu de lipides et beaucoup de glucides
– intensité élevée → beaucoup de glucides et lactates (via une clairance élevée du lactate)
La lactatémie, l’évaluation du lactate ?
La lactatémie représente le taux de lactates dans le sang. Ce taux mesuré correspond à la différence entre lactates produits et lactates consommés par l’organisme. Pour mesurer le lactate sanguin c’est assez simple. Il suffit de prelever une goûte de sang à l’extrémité d’un doigt ou au lobe d’oreille. Il faut ensuite placer la goûte sur une bandelette et l’insérer dans un appareil qui va mesurer la présence de lactate. Cela ressemble énormément aux appareils utilisés par les diabétiques pour mesurer la glycémie.
Pour le lactate deux outils se démarquent : le Scout 4 ou Lactate Pro 2 ( https://training.mtraining.fr/129-mesure-du-lactate )
Pour conclure, les lactates ne sont donc pas nocifs pour la performance, ils ne sont pas responsables du mal de jambes ou de la fin d’un effort. Bien au contraire, ils sont importants pour l’organisme car ils sont utilisés en tant que carburant préférentiel pour certains organes, ainsi que précurseur de la néoglucogénèse (faire du glucose à partir d’autres substrats) et aussi ils servent de signal pour induire d’autres réactions. L’entraînement peut améliorer les capacités de transport du lactate ainsi que la clairance !
Pour approfondir le sujet, deux épisodes du podcast de Mathieu Lambert :
- Entretien avec Alexandre Abel (entraîneur AG2R Citroën Team) : https://open.spotify.com/episode/76Ggo9XcMEBaMZ0NYKxK9P?si=9M4zFqtuSHyqNqsh_ciTew&dl_branch=1
- Entretien avec Paul Sauvage : https://open.spotify.com/episode/0j1quS6ln1qViHnmIBcD8X?si=iKKb_ZPoTGaPEytnCK8PlA&dl_branch=1
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Bibliographie :
- San Millán I, Brooks GA. Assessment of Metabolic Flexibillity by Means of Measuring Blood Lactate, Fat and Carbohydrate Oxidation Responses to Exercise in Professional Endurance Athletes and Less-Fit Individuals. Sports Med. 2018 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28623613/
- Brooks GA. The Science and Translation of Lactate Shuttle Theory. Cell Metab. 2018 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29617642/
- Poole DC, Rossiter HB, Brooks GA, Gladden LB. The anaerobic threshold: 50+ years of controversy. J Physiol. 2021: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33112439/